dimanche 6 mars 2011

Le chiffre que l'INSEE ne veut pas calculer...

Selon l'auteur Christian ROUDAUT (son dernier livre : "France, je t'aime je te quitte") l'institut national de la statistique, bras armé de l'Etat, a toujours refusé de calculer un chiffre précis. Lequel ?
Celui de l'émigration en France. 
Pas de l'immigration, non, ça on nous le sert tous les matins du monde pour nous faire peur. 

Non. L'é-migration, le fait de PARTIR de la patrie des Droits de l'Homme. L'INSEE n'a jamais cru bon de la calculer car cela pourrait laisser croire qu'il y a des gens qui NE SONT PAS HEUREUX dans le plus beau pays du Monde.
Pour l'INSEE il n'est pas envisageable de QUITTER définitivement la France. Donc à quoi bon calculer le solde migratoire, si on finit toujours par REVENIR, comme des saumons, là où l'herbe est plus verte : dans l'Hexagone magnifique.
Politiquement dangereux ce chiffre a quand même été calculé par un éminent statisticien, Hervé Lebras, qui arrive au résultat étonnant : LA FRANCE EST AUTANT UN PAYS D'EMIGRATION que D'IMMIGRATION. En clair : on est aussi nombreux à partir qu'à entrer dans ce berceau de la Démocratie universelle. Il y a même un léger avantage à l'émigration : + 6000 personnes ! IL Y A DONC PLUS DE PERSONNES QUI QUITTENT LA FRANCE QUE D'IMMIGRANTS QUI ARRIVENT !! (1)
C'est donc ça le secret ! Toutes les politiques sécuritaires féroces pour bouter l'étranger hors du sol national etc... Affronter ce chiffre est impossible : il y a plus de français qui partent que de Français qui reviennent ! Aïe. Mais pourquoi ?
Au rang des bonnes raisons : l'immobilisme social de la France est mal supporté par toutes les minorités visibles et/ou religieuses. Ils sont légions les Antilais qui se barrent, fatigués de devoir prouver tous les jours qu'ils sont "français", refoulés des boites de nuit, refoulés des bons emplois, refoulés des bons plans, refoulés avec leurs papiers et leur nationalité. Tant qu'à être un "étranger" autant l'être vraiment. Le livre de C. ROUDAUT recèle des exemples parlants de compatriotes guadeloupéens qui ont tenté et réussi leur chance à l'étranger, sans que cela pose problème. Un DESS en poche, un Guadeloupéen n'a pas trouvé de travail en France pendant 10 mois, et à travaillé en deux semaines aux Pays-Bas... Il était resté le même, même CV, même photo, même pedigree, mais pas le même destin. 
Ce problème est mal compris ici aux Antilles. Car nous souffrons du double complexe : on doit gérer l'égo des amis locaux, et l'égo des Français de France. Première étape : COMMENT TU VEUX PARTIR DE LA MARTINIQUE, PAYS DE PARADIS ? ("mais tu es fou" ?)... On nous promet catastrophe et retour piteux au pays, engelure et ratonnade en banlieue morose. Deuxième étape : COMMENT, TU VEUX QUITTER LA FRANCE, TU VERRAS QUE CE N'EST PAS MIEUX AILLEURS. Complexe français de supériorité. Certes le système de santé français est encore performant (en dépit des assauts des ultra-libéraux au pouvoir), certes l'éducation est très bonne (en dépit des assauts des ultra-libéraux), certes la culture est une valeur essentielle (en dépit de TF1)... Mais on ne passe pas nos vies de "français moyen" dans un hôpital, à l'école avant de dormir au musée en regardant ARTE. Je dirais même que le Français ne se rend pas compte de sa chance, et il gâche sa vie à ne pas la vivre. Critique et pusillanime il n'est pas étonnant qu'il ne sache pas jouir des avantages de son propre système.
La question n'est d'ailleurs plus d'actualité : pour un bon nombre de mes compagnons "antillais de l'étranger" il n'y a plus d'autre choix que la valise. Avec "la crise" sinistre de la France actuelle il faut partir. Repliée sur elle-même la société française se rétracte et se trompe d'enjeu. Nous sommes les boucs émissaires des illusions perdues. Le monde est vaste, je croise des Antillais partout, en Chine (beaucoup), en Suède, au Canada, à Londres... ils sont partis sans laisser d'adresse, joignables par email, ils forment la nouvelle diaspora, l'énergie du monde de demain.
(1) Solde global sur comparatifs de deux recensements. Cf "France je t'aime je te quitte" page 38.

Les Français sont de plus en plus nombreux à émigrer

L'auteur de "France je t'aime, je te quitte"...en vidéo.

http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video-7514-Les_Francais_sont_de_plus_en_plus_nombreux_a_emigrer.htm

France, je t’aime je te quitte

Une fois n’est pas coutume, c’est d’un livre qui vient de paraître que je veux vous parler aujourd’hui.  
Non pas parce qu’il est signé de Christian Roudaut, mon confrère que vous entendez souvent sur les ondes de Radio France (ceux qui me connaissent savent que le copinage n’est pas vraiment mon fort).  Simplement parce qu’il me semble apporter une pierre au débat sur « qui sommes-nous ? », et « qu’est-ce que cela veut dire être français ? », au-delà de la caricature qu’en a donné le débat biaisé sur l’identité nationale en France.  Il répond finalement, enfin, à la vraie question. Celle des valeurs qui nous fédèrent, du bagage culturel que nous portons, de notre rapport au monde, aux gens, à la société. De nos qualités et nos défauts communs. De nos travers et de nos aspirations.
Bref, il nous met à nu en nous proposant de nous regarder dans un miroir.